Photograph by Bénédicte Desrus
Si nous n’avions pas vu les étoiles — 2021 — Marseille
Directeur Artistique Jean-Baptiste Janisset | Sélection Capsules Vidéo Jean-Christophe Archos | Production Fonds de dotation Katapult | Communication & Presse gotu.agency | Graphic templemagazine.co
L’exposition collective Si nous n’avions pas vu les étoiles provient de l’ambition à la fois humble et infinie d’électriser à nouveau l’imaginaire. Son titre provient d’une phrase prononcée par l’astrophysicien Michel Mayor qui, en 1995, découvrait la première exoplanète – une planète située en dehors du système solaire – depuis l’Observatoire de Haute-Provence. A une centaine de kilomètres de là, au neuvième étage de Buropolis à Marseille, une vingtaine d’artistes s’accordent ensemble à faire résonner à nouveau le questionnement du Prix Nobel se demandant quel aurait été le développement de la pensée si la lumière des astres n’était venue capter le regard des vivants.
Conçue comme une odyssée élisant le spectre métaphysique contre cet autre simplement technologique, la proposition confiée à la direction artistique de Jean-Baptiste Janisset rassemble une vingtaine d’artistes (Anastasia Bay ; Neïl Beloufa ; Wolf Cuyvers ; Sophie Dejode & Bertrand Lacombe ; Mathilde Denize ; Michele Gabriele ; Bella Hunt & DDC ; Jean-Baptiste Janisset ; Fiona Mackay ; Jean-Michel ; Lux Miranda ; Nicolas Momein ; Panamarenko ; Lise Stoufflet ; Floryan Varennes ; Romain Vicari ; Julie Villard & Simon Brossard ; Tom Volkaert ; Victor Yudaev) ainsi qu’une programmation vidéo sélectionnée par Jean-Christophe Arcos (Julien Creuzet ; Marie Lienhard ; Sara Sadik ; Virginie Yassef ; Laurie Charles ; Gregory Chatonsky ; Caroline Mesquita).
Au sein d’une scénographie dont le sol recouvert d’un thermo-isolant argenté reflète à la fois les rayons du soleil et les corps physiques et matériels, les œuvres, médiums et singularités individuelles se brouillent et s’augmentent tout en laissant la part belle aux fréquences spirituelles et aux résonances ésotériques, aux effets de croyances ancestrales et aux boucles rétro-futuristes, aux vocables néo-mythologiques et aux formes mâtinées d’une mélancolie primordiale.
En 1974, le philosophe Theodor W. Adorno se désolait de ces « étoiles retombées à terre » (« The Stars Down To Earth ») dont témoignait selon lui l’essor de l’occultisme et de l’irrationnel dans la 1 culture populaire de la seconde moitié du XXe siècle. Or en plaçant l’éblouissement au centre de son expérience perceptive, Si nous n’avions pas vu les étoiles retourne la formule pour en inverser la portée : certes, les étoiles sont retombées à terre, mais uniquement par l’effort sans cesse reconduit des artistes qui les y attirent et appellent, bien conscients qu’il s’agit là du meilleur antidote pour reconstruire l’avenir autrement qu’adossé à la folie des grandeurs des techno-Icares.
Ingrid Luquet Gad